La route transamazonienne, inaugurée dans les années 1970, s’étend sur des milliers de kilomètres à travers la forêt amazonienne, reliant les régions isolées du Brésil. Cette voie de communication est souvent perçue comme un symbole de développement et de modernisation. Elle soulève aussi des préoccupations environnementales majeures. La déforestation massive, causée par l’exploitation des ressources naturelles et l’expansion agricole, menace la biodiversité unique de l’Amazonie.
Les communautés autochtones, vivant en harmonie avec la nature depuis des siècles, voient leur mode de vie traditionnel perturbé. La construction de la route a facilité l’accès aux terres ancestrales, entraînant des conflits fonciers et une perte culturelle inestimable. L’équilibre fragile de cet écosystème vital pour la planète est désormais en jeu, nécessitant une réflexion profonde sur les priorités de développement face à la préservation de ce trésor naturel.
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Plan de l'article
La route transamazonienne : histoire et caractéristiques
La route transamazonienne, longue de 4 223 km, relie le Pérou à l’Atlantique en traversant d’est en ouest les régions reculées du Brésil, parallèlement au fleuve Amazone. Projetée dans les années 70, son objectif est de favoriser le développement et de réduire l’isolement des régions occidentales du Brésil. Une grande partie de cette route, en particulier au cœur de la forêt amazonienne, demeure en terre battue, rendant la circulation difficile.
Construction et gestion
Construite par l’armée brésilienne, la route est gérée par le ministère des transports et l’Incra (Institut national de colonisation et de réforme agraire). Elle est intégrée dans plusieurs programmes de développement tels que le Programme d’intégration nationale (PIN), Avança Brasil, le Projet Carajás, l’Initiative d’intégration régionale sud-américaine (IIRSA) et le Programme d’accélération de la croissance (PAC).
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Points stratégiques
- Port Velho et Manaus : La route relie ces deux villes majeures de l’état d’Amazonas.
- Belo Monte et Alter do Chão : Deux localités situées le long de la route, essentielles pour la logistique et les échanges locaux.
L’impact de cette infrastructure sur la forêt et les populations locales continue d’être un sujet de débat, mêlant aspirations de développement et préoccupations environnementales.
Impacts environnementaux et sociaux
La route transamazonienne, bien qu’initiée pour promouvoir le développement, a entraîné une déforestation significative en Amazonie. Selon la FAO, la construction d’infrastructures représente environ 10 % de la déforestation mondiale. En Amazonie, ce chiffre est aggravé par la création de routes secondaires facilitant l’accès aux zones forestières préservées.
Les conséquences sont multiples :
- Des milliers d’hectares de forêt abattus pour la culture de soja, l’exploitation forestière et l’élevage bovin.
- Un rythme de déboisement qui pourrait quintupler d’ici 2030, selon les scientifiques.
- Plus de 151 000 km² de forêt menacés de disparition, soit près du double de la superficie de la Guyane.
Les peuples amérindiens, les caboclos et les seringueiros sont directement affectés. Leur mode de vie traditionnel se trouve bouleversé par l’afflux de nouveaux habitants et l’exploitation intensive des ressources naturelles. La NASA et l’Université du Maryland, via le programme Global Forest Change, surveillent de près ces transformations à l’aide des satellites Landsat 8 et Sentinel-2.
Les données recueillies par l’Institut national de recherche spatiale du Brésil (INPE) et MapBiomas montrent une corrélation directe entre les infrastructures routières et la déforestation. Thomas Ansart, Antoine Rio et François Gemenne, parmi d’autres chercheurs, ont publié des études soulignant ces enjeux. Le RAISG (Amazon Geo-Referenced Socio-Environmental Information Network) compile aussi des informations majeures pour comprendre les dynamiques de cette région en perpétuelle transformation.
Défis et perspectives pour l’avenir
La reconstruction de la route transamazonienne sous l’impulsion de Jaïr Bolsonaro pose la question des défis environnementaux et des perspectives économiques. En relançant ce projet, le président brésilien vise à désenclaver des régions reculées et à stimuler l’économie locale. Toutefois, la réhabilitation de cette infrastructure pourrait exacerber les problèmes de déforestation et accélérer la dégradation des écosystèmes.
Le bitumage de la route BR-319, traversant des zones parmi les mieux préservées de la forêt amazonienne, constitue un enjeu majeur. Cette initiative, bien que bénéfique pour les habitants de la région, menace de transformer des territoires vierges en zones d’urbanisation, d’agriculture et d’exploitation minière. La route BR-163, longue de 4 476 km, illustre déjà ces dynamiques, reliant Santarém à Tenente Portela et facilitant les activités économiques, souvent au détriment de l’environnement.
Les multinationales, telles que Cargill, profitent de ces axes routiers pour optimiser leurs opérations logistiques, notamment dans le secteur du soja. Cette exploitation intensive renforce la pression sur les forêts et les communautés locales. Les politiques de développement doivent donc concilier progrès économique et préservation des écosystèmes, un équilibre délicat mais nécessaire pour garantir la durabilité de l’Amazonie.
Les scientifiques et les organisations internationales, comme la FAO et le RAISG, continuent d’alerter sur les impacts potentiels de ces infrastructures. Les études menées par l’Institut national de recherche spatiale du Brésil (INPE) et d’autres institutions doivent guider les décisions politiques afin de minimiser les dégâts environnementaux tout en répondant aux besoins des populations locales.