Désert d’Europe : Quel est le plus grand ?

Sur la vieille carte d’un collectionneur hongrois, une large tache blanche intrigue. Pas la moindre trace de sable ni d’ombre de chameau. Pourtant, l’étiquette « désert » y trône fièrement. L’Europe, que l’on imagine volontiers tapissée de forêts épaisses et de villages colorés, dissimule des terres arides bien réelles, mais loin, très loin des clichés du Sahara.

Imaginez une étendue où le silence s’impose, non parce qu’une mer de sable étouffe tout, mais parce que l’homme a fini par tourner les talons. Où se trouve donc ce plus grand désert d’Europe et qu’a-t-il à raconter, face aux géants africains ou asiatiques qui lui volent la vedette ?

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Le désert en Europe : mythe ou réalité ?

Au nord de l’Espagne, la Navarre abrite le désert des Bardenas Reales, un territoire semi-aride qui s’étale sur près de 420 km². Longtemps relégué aux marges des atlas, il s’impose pourtant comme le numéro un des plus grands déserts d’Europe. Ici, pas de dunes à perte de vue : le décor évoque une savane lunaire, ciselée par l’érosion et le vent, bien loin des océans de sable africains.

Le désert des Bardenas Reales domine une poignée d’autres déserts espagnols, tous nichés dans la moitié nord du pays. Citons par exemple le désert des Monegros, à cheval entre Saragosse et Lérida, ou le désert de Tabernas en Andalousie. Mais c’est bien la Navarre qui rafle la mise : le Bardenas, comparable en taille au Monegros, s’étale sur une surface digne d’une grande ville européenne.

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  • Désert des Bardenas Reales : environ 420 km², le plus vaste d’Europe
  • Désert des Monegros : environ 276 km², souvent mis en parallèle avec le Bardenas
  • Désert de Tabernas : 280 km², connu pour ses décors de western

Ce qui distingue vraiment les déserts européens, ce n’est pas la quantité de sable, mais l’aridité et la pauvreté des pluies. Le Bardenas, sculpté par des siècles de vent et de sécheresse, n’a rien à envier à l’idée de désert, version européenne.

Panorama des plus grands déserts du continent

Le désert des Bardenas Reales règne en maître, avec ses reliefs déchiquetés et sa surface oscillant entre 400 et 420 km². Cette terre semi-aride, à la lisière des Pyrénées, s’impose en tête des zones désertiques du continent. Il surpasse le désert de Tabernas, en Andalousie, et le désert des Monegros, positionné entre Saragosse et Lérida.

Désert Région Superficie (km²) Caractéristiques
Bardenas Reales Navarre 400-420 Formations argileuses, ravins, territoire vierge de toute urbanisation
Tabernas Andalousie 280 Décors de cinéma, climat sec, ambiance western
Monegros Aragon 276 Steppes, lacs salés, espaces sauvages

Les Monegros recèlent des curiosités comme les Tozales (buttes sculptées par le temps), le lac de Sariñena ou El Ricon del Olivar. Le désert de Tabernas séduit par sa lumière sèche et ses paysages minéraux, prisés des réalisateurs de cinéma à la recherche d’authenticité.

  • La domination espagnole dans le classement s’explique par un climat sec, de faibles précipitations et des sols particulièrement pauvres.
  • Si la taille de ces déserts reste modeste à l’échelle mondiale, leur richesse géologique et leur biodiversité attirent curieux et scientifiques.

Pourquoi le désert de Bardenas Reales fascine-t-il autant ?

Le désert des Bardenas Reales captive par son caractère unique, fruit d’une érosion qui a fait de ce territoire un véritable musée naturel à ciel ouvert. Parc naturel et réserve de biosphère reconnue par l’UNESCO depuis 2000, il attire autant les chercheurs que les amateurs de paysages insolites. Son emblème, le Castil de Tierra, surgit du plateau comme une cheminée de fée, témoin de la puissance du vent et de l’eau sur la roche argileuse.

Le site se divise en trois grandes zones : La Blanca, au centre, évoque un chaos de reliefs clairs et de sols dénudés ; La Negra, au sud, se fait plus verdoyante grâce à ses forêts de pins d’Alep ; enfin, El Plano, au nord, alterne champs de céréales et plaines nues. Ce patchwork de milieux favorise la transhumance et nourrit une biodiversité surprenante pour un désert.

Ici, rien n’est figé. La Cañada Real de los Roncaleses, axe de passage ancestral pour les troupeaux, traverse les Bardenas. Les routes NA-125, NA-126 et NA-128, ainsi que des points d’eau comme El Ferial ou El Galon, rythment la vie du lieu. Le sanctuaire de Sancho Abarca et la Pena del Fraile ajoutent leur pierre au patrimoine local. Et pour couronner le tout, le site a servi de décor aux tournages de Game of Thrones ou de films de Ridley Scott, offrant à ces paysages une aura quasi mythique.

  • Les villes de Tudela, Arguedas ou Carcastillo sont les portes d’entrée idéales pour ce « far west » espagnol.
  • La présence d’un polygone militaire de tir rappelle que ce territoire fait l’objet d’usages multiples, parfois sources de tension.

désert européen

Ce que révèle le plus vaste désert d’Europe sur notre environnement

Au cœur de la biosphère des Bardenas Reales, le visiteur découvre une nature façonnée par la soif et l’endurance. Ce désert, le plus grand d’Europe avec ses 420 km², offre un laboratoire vivant d’écosystèmes capables de résister à l’adversité. La flore, dominée par le pin d’Alep, le chêne Kermès, le genévrier ou le romarin, s’accroche à des sols pauvres et survit là où l’eau se fait désirer.

Côté faune, le casting est tout aussi étonnant. Sangliers, renards et chats sauvages croisent la route des hiboux, aigles royaux et vautours. Dans les creux brûlés ou à l’ombre des roches, lézards, vipères et crapauds trouvent refuge. La question de l’adaptation des espèces à la sécheresse et aux sautes de température, étés de plomb, hivers cinglants, se pose ici chaque jour.

  • La flore méditerranéenne domine les pentes de La Negra, tandis que La Blanca, plus minérale, évoque un paysage lunaire.
  • La diversité des milieux favorise la présence de rapaces et de micro-mammifères adaptés à ces espaces semi-arides.

Dans ce décor sculpté par l’érosion, la leçon saute aux yeux : la frontière entre usage humain, préservation de la biodiversité et climat se rétrécit sans cesse. Le désert des Bardenas Reales, bien loin d’être une curiosité anecdotique, nous confronte à ce défi : comment cohabiter avec les extrêmes, sans jamais perdre le fil de l’équilibre ?